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Les adolescents de Saawariya s’amusent sans aucune inhibition. Voici Ranbir et Sonam sans retenue.C’est un cadre parfait pour rencontrer deux jeunes gens prêts à s’enthousiasmer: la superbe chambre de Ranbir Kapoor, avec tous ses tiroirs ouverts, ses vêtements pendants hors des armoires, d’autres étendus sur le lit, des dossiers et des livres recouvrant la totalité de son bureau. La seule chose ayant fait l’objet d’un peu d’attention dans ce désordre est un poster géant de Saawariya, qui occupe une place d’honneur au centre de la chambre. Ranbir et Sonam Kapoor se vautrent là dans un état d’excitation intense. (Ils vont faire leurs débuts à l’écran ensemble dans le film de Sanjay Leela Bhansali, Saawariya, lors de la prochaine fête de Diwali).
Ils ont la vingtaine, et ne croient de toute évidence pas à la retenue. « Zut, j’ai donnée une interview à la télé dans laquelle j’ai dit que ma sœur croit que le soleil brille depuis mes parties inférieures », dit Sonam en riant. « Ils vont couper la séquence au montage, n’est-ce pas? ». Nous lui rétorquons que les chances sont faibles. Ce qui provoque des vagues de fous rires. « Au moins, je n’ai pas prononcé le mot _ _ _! »
Est-ce la pression ou la joie qui la fait parler ainsi? « Non. Ranbir a une tonne de pression sur ses épaules. Je n’ai pas autant de stress », répond-elle de bon cœur.
Mais elle aussi doit être à la hauteur, avec un père comme Anil Kapoor. « Je n’ai pas autant de choses à prouver que Ranbir. Lui doit faire face à toute la famille de Raj Kapoor », dit-elle avec insistance.
Ranbir, qui jusqu’à présent se contentait de regarder sa copine d’enfance devenue partenaire à l’écran, se réveille et demande indigné: « Hé! Pourquoi me mets tu autant la pression? »
Est-ce le genre de pression qui provoque des nuits blanches? « Non, nous dormons beaucoup », répond Sonam. Ranbir lui rétorque: « On va sous-entendre des choses terribles si on imprime ce que tu viens de dire. Il vaudrait mieux que tu reformules ta phrase. » On est d’accord avec lui. Mais Sonam est tellement prise par son fou rire qu’elle ne recompose pas sa phrase.
L’entente entre eux est évidente. Ranbir est l’incarnation de la raison et du calme. Sonam laisse exprimer ses pulsions et ses émotions. Ranbir écoute. Sonam parle. Ranbir réfléchit un millier de fois avant de jouer une scène, Sonam réagit sans se prendre la tête.
« Sonam est la reine de l’art dramatique, c’est la Meena Kumari d’aujourd’hui », déclare Ranbir, prenant une pose dramatique tout en souriant. « Tous les jours je me rendais sur le plateau en me demandant quel allait être le prochain épisode des facéties de Sonam. »
« Comment peux-tu être si cool et si maître de toi? », lui demande Sonam.
« Essaies de remettre les choses au lendemain au moment où tu dois réagir et tu y arriveras! », plaisante Ranbir. « Mais, ça va, j’aime ton honnêteté. » Il se tourne vers nous, et se rappelle de notre présence. « Elle est exactement comme elle est dans la vie, sans prétention. Elle est comme cela lorsqu’elle est toute seule, avec des amis proches, avec cent personnes autour d’elle et face aux médias. »
Pourquoi Ranbir n’essaie-t-il pas d’exprimer ses émotions, une fois pour toutes? Et quel meilleur sujet trouver pour le faire que Saawariya? « Oh! J’ai beaucoup d’affection pour Saawariya », déclare Ranbir. « Le jour où on a lancé la musique de Saawariya, j’ai perdu mes eaux. »
« Tu veux dire que tu as pleuré? », demande Sonam avec curiosité.
« Non, je veux dire que j’ai perdu mes eaux comme une femme enceinte pendant l’accouchement », répond-il, pince sans rire.
Sonam s’étrangle en riant à la tentative de Ranbir d’être dramatique. « N’écrivez pas cela, s’il-vous-plaît, n’écrivez pas cela », plaide-t-elle. « Il n’a rien dit. Je m’excuse pour lui. »
Faisons une deuxième tentative pour élever le niveau dramatique de l’entretien. Comment se sent-il, à présent que le tournage de Saawariya est achevé? « Je me sens comme un père qui donne sa fille en mariage », dit Ranbir. Sonam rit aux éclats. Il n’y a plus de doute possible. Ranbir est désespérément incapable de montrer une quelconque aptitude pour le drame ou les émotions, hors écran. Il devrait se contenter de rester calmement rationnel.
Ces jeunes gens ne sont pas autorisés à en dire trop sur le film. « C’est très bien ainsi. Sinon, Sonam vous aurait, sur le champ, raconté le scénario du début à la fin », dit Ranbir. « Demandez-lui son avis sur un livre, et elle vous racontera toute l’intrigue. Après, elle vous parlera d’un autre livre et vous en racontera toute l’histoire également. »
Alors, quel livre Sonam lit-elle en ce moment? « Je suis en train de lire Au Cœur du Royaume - Ma Vie en Arabie Saoudite (Inside The Kingdom: My Life in Saudi Arabia). C’est un livre sur Oussama Ben Laden, écrit par sa propre belle sœur, Carmen Ben Laden. Elle est une Irano-Suissesse qui a grandie à Genève et qui a épousée un frère de Ben Laden aux Etats-Unis. Elle s’est ensuite installée en Arabie Saoudite où elle a été sonnée par la soi-disant culture étouffante qui existe là-bas. Après cela, son mariage a échoué et elle s’est réfugiée en Suisse. Puis… »
« Vous voyez ce que je veux dire? » demande sournoisement Ranbir, en l’interrompant.
Contrairement à Sonam, est-ce qu’il trouve difficile de s’exprimer, spécialement pendant les entretiens avec les médias? « Oh! Je peux parler au sujet de la cuisine, presque autant que j’ai parlé ces derniers jours, depuis que nous avons commencés la promotion du film », dit-il.
Ranbir nous fait remarquer qu’il est étrange que deux personnes se retrouvent exactement au même endroit de leur vie - il parle de Sonam et de lui-même - avec les mêmes espoirs et les mêmes angoisses. Cette année, Diwali sera différent pour les deux jeunes gens, à cause de leurs débuts au cinéma. « Oui, c’est vrai », dit Sonam, qui finit par faire une nouvelle digression: « Hé! Ca va être la fête de mon frangin le 10, tu devrais venir », dit-elle à Ranbir.
« C’est vraiment pas le moment de m’inviter à une fête », lui répond Ranbir. « Tu es en train de donner une interview. »
L’enthousiasme des deux jeunes gens est fantastique. Mais, n’en déplaise à Dieu, qu’adviendra-t-il si Saawariya ne marchait pas? Pour la première fois, il y a un silence de mort et les deux acteurs se regardent.
Puis ils finissent par briser le silence. « Le film va marcher », dit Ranbir.
« Nous sommes jeunes et optimistes. Le film va marcher », dit Sonam.
Amen.
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