Si vous souhaitez être à la page et que vous avez l’envie de montrer que vous maîtrisez parfaitement les dernières tendances de Bollywood, rien de tel que de brocarder le dernier film de Sanjay Leela Bhansali, Saawariya. En effet, il est de bon ton, voir même recommandé, de fustiger ce film sorti récemment. Partout, de l’Inde aux Etats-Unis, en passant par le Royaume-Uni ou ailleurs dans le monde, là où l’on regarde les films indiens et où l’on suit l’actualité de Bollywood, sur la Toile, sur les chaînes satellite, dans les colonnes des journaux, dans les conversations de marché, au resto ou en famille et entre amis, le must du must est d’écraser Saawariya. Non seulement on ne pardonne pas à Bhansali d’avoir sorti son film le jour même où sortait le dernier Shah Rukh Khan, crime de lèse majesté, mais on en veut surtout au réalisateur de Black pour son insolence car il n’a cessé - croit-on - d’afficher sa confiance absolue dans son film en traitant Om Shanti Om (dans lequel joue Shah Rukh) comme un adversaire négligeable.
Il fallait donc en faire un exemple et châtier le criminel sur la place public. Saawariya a réussi à remplir les salles de cinéma le jour de sa sortie, battant même certains records si l’on en croit sieur Bhansali lui-même. Mais les chiffres du box-office n’ont cessé de dégringoler depuis. Comment expliquer cette désaffection des salles où l’on projette Saawariya? Il y a tout d’abord eu de très mauvaises critiques de la part de « journalistes » qui ont organisés un véritable tir de barrage contre Bhansali avant même sa sortie. Il y a ensuite eu le tapage médiatique autour du démarrage simultané de deux gros films pour la fête de Diwali: d’un côté le Saawariya de Sanjay Leela Bhansali, et, de l’autre, Om Shanti Om avec le roi Shah Rukh Khan à l’affiche. Tout le monde envisageait ce clash comme un combat: il fallait absolument qu’il y ait un gagnant et un perdant. Le perdant était désigné à l’avance: il fallait que ce soit Saawariya. Enfin, c’est le bouche à oreille qui a fini par achever Saawariya. Les réactions des spectateurs à la sortie de la première projection ont, malheureusement, étés négatives; leurs diffusions répétées sur les chaînes de télé ont eues un effet boule de neige dissuasif sur ceux qui hésitaient encore entre les deux films. Résultat des courses: Saawariya est considéré comme l’un des plus lourds échecs de l’année et comme la plus grande catastrophe de la carrière de Sanjay Leela Bhansali. (Il faut, en réalité, relativiser les choses: les chiffres du box-office ne pourront être mises en perspectives que lorsque l’année 2007 sera effectivement arrivée à son terme. On pourra alors avoir une meilleure idée des performances de Saawariya sur le moyen terme. Par ailleurs, les résultats obtenus par le film à l’étranger peuvent également amoindrir l’impact d’un éventuel échec. Enfin, sur un plan strictement commercial, les revenus annexes du film [droits de distribution, droits télé, éditions de CD et de DVD, produits dérivés, etc] peuvent encore faire de Saawariya une source de profits pour ses financeurs).
Alors, d’un point de vue artistique, Saawariya est-il un film raté?
Nous nous gardons bien d’y répondre. Nous n’avons pas encore pu visionner le film. Notre verdict est, pour le moment, réservé. Nous attendons de voir. Mais, quitte à ne pas être tendance, nous ne nous joindrons pas à cette croisade contre Saawariya, qui nous semble assez infecte!
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