dimanche 2 mars 2008

Anil se convertit à la pub

Jusqu’à présent, il n’y avait qu’un seul acteur dans la galaxie Bollywood qui avait toujours refusé de faire de la publicité malgré le grand nombre d’offres qu’on lui avait faites. Cet acteur, c’est Anil Kapoor.

C’est surtout avec l’arrivée sur le devant de la scène de Shah Rukh Khan et d’Aishwarya Rai que des grandes firmes étrangères ont compris qu’elles pouvaient faire de ces acteurs leur porte-drapeau sur le marché indien et international, vu l’ampleur du phénomène Bollywood. S’en est ensuivi une flambée des prix de ces stars pour figurer sur les affiches et dans les spots. Un certain nombre d’artistes de moindre envergure (Hrithik Roshan, Saif Ali Khan, Kareena Kapoor, John Abraham, Bipasha Basu, Akshay Kumar, etc) leur ont emboîtés le pas, faisant monter les enchères.


Pourtant, même à l’époque où Shah Rukh était encore en culottes courtes, la publicité sollicitait les stars du grand écran indien. Si l’on se plonge dans les archives, il est possible de retrouver des clichés d’Amjad Khan, de Shatrughan Sinha, de Parveen Babi, de Kabir Bedi, de Sunny Deol, de Jackie Shroff, etc. vantant les mérites d’une marque d’alcool, de vêtements ou de produit de beauté.

En ce temps-là, déjà, les publicitaires avaient faits appel à Anil Kapoor. Mais il a, jusqu’à présent, toujours décliné leurs offres. Son argument est qu’un acteur est avant tout un artiste et qu’il doit veiller à préserver ses apparitions en public. Ce n’est que par son travail, c’est-à-dire par ses films, qu’un acteur doit se livrer. L’idée d’Anil Kapoor est qu’un comédien ne doit pas diluer son charisme et le gaspiller à la promotion d’un objet commercial. Pour lui, un acteur doit être au service non d’un produit, mais tout entier dévoué à son art.

Pourtant, malgré son refus obstiné, Anil Kapoor ne cesse de recevoir des offres pour figurer dans des campagnes publicitaires. Mais les choses ont légèrement changées. Cette fois-ci, les publicitaires courtisent la fille d’Anil: Sonam Kapoor. Depuis ses débuts, cette jeune fille est très demandée par la presse: elle a déjà fait la couverture de nombreux magazines, aussi bien de cinéma que de mode. La pub suit cet engouement pour la jeune actrice, mais elle souhaite utiliser son image à condition qu’elle partage l’affiche avec son père. C’est la raison pour laquelle Anil Kapoor est prêt à revenir sur ses convictions de toujours: il ne veut pas léser Sonam et il est prêt à sacrifier à ses principes.

Bien que je sois un inconditionnel de cet immense acteur, je trouve l’attitude d’Anil Kapoor proprement navrante. D’ailleurs que va-t-on lui proposer? De la pub pour une compagnie d’assurance ou un spot pour une voiture? Rien de très excitant là dedans! Rien qui ne sorte de l’ordinaire.

On aurait préféré qu’Anil Kapoor demeure fidèle à sa réticence à figurer dans de la publicité. S’il avait préservé son apparition avec sa fille Sonam pour le grand écran, l’impact aurait été, on n’en doute pas, plus fort. Finalement, le mercantilisme aura tout emporté. Même un irréductible comme Anil Kapoor finit par céder aux chants des sirènes du fric. Il n’y a plus aucun espoir pour ceux qui croient en la suprématie de l’art. ‘Art for art sake’, « l’art pour l’art », comme le disait Oscar Wilde n’existe que dans l’âme de quelques artistes damnés. Il n’y a plus qu’à se convertir au monde du business. Le temps des Satyajit Ray et des Guru Dutt est bien révolu. L’Inde d’aujourd’hui s’est vendue à Coca-Cola et à McDonald’s…

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